mardi 12 mars 2013

Toutes premières fois

Une fois n'est pas coutume, c'est un couple qui a écrit le billet suivant. Emilie et Julien m'ont contacté par mail et j'ai choisi, avec leur accord, de publier leur texte plein de sincérité, exercice de style réalisé à quatre mains.

Toutes premières fois

"On y va après juste pour boire un verre ?" Je n'avais pas porté la mesure de l'invitation, alors que je me délectais du Pouilly-Fuissé frais juste-comme-il-faut. Le cadre du resto était parfait, les tables voisines venaient de partir, le vin faisant son effet, on avait attaqué une conversation plus intime. Qui venait de glisser sur les clubs échangistes, que ni l'un ni l'autre n'avions testés, alors que nous n'étions pourtant pas en manque d'expérience. Ou d'expériences. Emilie me proposait donc d'aller dans le club le plus en vue de la ville, un truc dont je rêvais depuis des mois, mais que je n'avais pas encore pu mettre en pratique faute d'avoir trouvé la partenaire idéale, celle qui aurait accepté de partager ce fantasme, qui l'aurait eu aussi car ce genre de moment doit se vivre dans la complicité et dans l'envie commune.
Lorsqu'Emilie m'a fait cette proposition, je n'en ai pas immédiatement relevé la portée. Ce n'était pas dit sur le ton de la provocation, ni du jeu, c'était venu pour ainsi dire naturellement. Et donc, naturellement, nous avons repris la voiture, traversé la Garonne, pour se retrouver à la porte de ce lieu mystérieux dans une rue discrète du centre de Toulouse. On se tient par la main comme deux ados. On se connaît depuis des années, on a travaillé ensemble, et nos chemins se sont séparés, déménagements professionnels, mariages, enfants, divorces et autres événements de la vie. Tout ça n'a plus aucune importance quand la porte s'ouvre. J'ai entendu les éloges sur l'établissement, lu des critiques sur le net. Emilie porte une très jolie robe noire, des escarpins. Toute la soirée je l'ai trouvé incroyablement séduisante. Moi j'ai une veste, mais un jean. Ne va-t-on pas nous recaler à la porte d'un endroit connu pour favoriser les habitués ?
Le vigile nous ouvre, nous souhaite la bienvenue, let's go maestro ! Au vestiaire on laisse nos manteaux, sac à main. Emilie m'emmène par la main vers le bar, puis les étages pour découvrir les lieux. Je la croyais timide, c'est moi qui n'en mène pas large.
Nous nous étions dit : juste un verre...
 Je ne partais pas du tout dans l'idée de m’exhiber, être voyeuse ou me mélanger. Je souhaitais simplement découvrir avec Julien un endroit qui m’intriguait. Julien avec qui je passais une belle soirée de retrouvailles. Une fois la porte franchie  je ne suis pas tant à l'aise que je pouvais le laisser paraître. Ma curiosité actionne mon corps, fait avancer mes jambes, couloirs après couloirs. Je n'ai pas envie de me trémousser, pas envie non plus que d'autres se rincent l'œil. Je jauge les couples que l'on croise. Les filles sont habillées en conséquence, moi non, et je crains un instant ne plus attirer le regard de Julien. On boit un verre après notre première visite. On est sage, on discute, il caresse mes cuisses, l'alcool me détend, je me sens bien… mais trop en décalage avec l'endroit. Je me rends compte que je suis là et que j'apprécie le moment seulement parce qu'IL est avec moi. 

Bonne musique, pas grand monde sur la piste. Il est à peine 1h, l'ambiance est sereine, c'est une soirée couples. On a un peu l'impression que tout le monde visite, est encore sur ses marques. Après un verre au bar, on repart à la découverte des lieux. Pas grand monde dans les coins câlins, deux-trois couples s'activent, plutôt discrètement, certains mêmes quasiment invisibles dans les coins les plus sombres. Emilie me tient par la main, on s'embrasse. On visite, on s'arrête, on mate, on découvre. Ni l'un ni l'autre nous ne semblons gênés. Je la complimente sur sa tenue, je la trouve tellement sexy. Elle, plus prosaïque me fait remarquer que sa robe est bien trop longue pour l'endroit que nous fréquentons. C'est vrai que les femmes sont habillées hyper court, que toutes ou presque laissent voir leurs bas.
On reprend notre visite et on se retrouve seul dans une pièce avec de grands canapés. Il m'embrasse, je le trouve sensuel, j'ai envie de sentir ses caresses sur ma peau. Julien m’attire dans une nouvelle pièce, vide. Il reprend ses caresses, ses mains sur moi me font un effet incroyable. J'en veux plus mais ma tenue ne nous le permet pas... Je me déshabille alors entièrement, à l'exception de mes bas et mes escarpins,  dans cette salle ou n'importe qui, à n'importe quel instant, peut entrer. A vrai dire cela ne compte plus, on s'habitue à l'endroit. Je suis tellement hypnotisée par Julien que je me fiche d'être surprise.
Emilie me demande de l'aider à retirer sa robe. J'ai bien imaginé, en la prenant par la taille, en la questionnant, qu'elle ne portait pas un "simple" string. J'avais cru deviner une guêpière, je découvre, en faisant descendre le zip de sa robe, un body string noir qui finit de m'achever. La robe à ses chevilles, je découvre ses fesses incroyablement mises en valeur. J'ai l'impression d'être comme dans un film, avec la musique qui se met au ralenti, et ma mâchoire qui pendouille... Heureusement qu'elle ne me voit pas ! Je dois maintenant l'aider à enlever ce fameux body qui lui va tellement bien, elle n'a plus que ses bas. Elle veut remettre sa robe, mais je la pousse sur le matelas, et descends glisser ma langue sur son sexe épilé. Que j'adore ce moment, elle est plus qu'humide, je la pénètre de ma langue et mes doigts, je la découvre, c'est un moment sublime. Je retourne l'embrasser à pleine bouche, nous sommes cette fois bien excités, prêts à remonter se mêler aux autres couples.
On entend des femmes gémir, et plus les cris sont forts plus ça m’excite. Nous mettons fin à ces premiers préliminaires et nous (re)devenons voyeurs. Nous entrons dans cette salle dans laquelle on retournera plusieurs fois dans la nuit. C'est la plus grande du club. Certains couples se mélangent, d'autres restent en duo. Personne ne fait attention à nous. On reste debout un moment à se câliner et à s'embrasser. C'est presque irréel mais vraiment très excitant. Après avoir trouvé le pot avec les préservatifs, nous prenons la place d'un couple qui quitte la salle.
Nous sommes dans un monde parallèle. Il n'y a aucune barrière, aucune obligation, tout se passe dans une ambiance fabuleuse de liberté. Nous nous installons sur un coin, reprenons nos embrassades, nos caresses. Depuis le temps que nous nous connaissons, cette fois c'est différent : tout ce retard à rattraper, Émilie est une inconnue, je la connais sans la connaître, je découvre son corps, ses baisers, j'ai envie de la serrer contre moi, de prolonger cet instant. C'est d'autant plus troublant vu l'endroit̀, d'autant que, maintenant, nous ne sommes plus spectateurs, nous sommes à la vue des regards. Je suis nu, j'enlève sa robe à Émilie, je m'occupe de ses seins, de son sexe, elle ondule de plaisir, puis me repousse, elle ne veut pas jouir immédiatement. Nous reprenons des caresses plus sages, il y a d'autres couples à côté de nous, certains ne font que regarder... comme nous une heure plus tôt ! Émilie a pris les choses en main, elle vient me prodiguer une fellation. Je ne sais plus ce qui se passe : cette femme sublime qui s'occupe de moi, des couples qui nous regardent...
Difficile pour moi de raconter la suite... Un homme s'approche, il me touche, je n'arrive plus à distinguer ses caresses de celles de Julien. J'aime ça, oui je dois l’avouer, mais ça me perturbe. Pour cette découverte je ne veux lui et que lui.
Nous sommes en pleine complicité, je susurre à l’oreille d’Emilie, je lui décris cet homme qui est derrière elle… et qui doit avoir une vue imprenable sur sa croupe cambrée, sur ses fesses écartées, sur son sexe offert. Je m’attends à une réaction de rejet de sa part, je la découvre de plus en plus coquine. Elle se laisse faire. Je suis aux anges, sous ses caresses, et je prends un plaisir fou au moment où je l'entends gémir de plaisir et où elle me glisse à l'oreille "il est en train de me doigter". Mais je veux Émilie juste pour moi. J'ai trop rêvé de partager son intimité, je veux la garder, comme un enfant qui ouvre le cadeau de Noël dont il a tant rêvé. Ce soir je suis un enfant, et le Père Noël m'a gâté (vous ne lui direz pas que je n'ai pourtant pas toujours été sage).
Nous lui demandons très gentiment de nous laisser, Ce qu'il fait sans que l'on ait besoin d'insister. Nous découvrons que dans ce genre d'endroit le respect est une règle d'or. Nous continuons donc en duo de nous découvrir. Je suis alors tellement hypnotisée que je suis incapable de dire si certains nous regardent ou si d'autres font pareil à quelques centimètres de nous... ce qui est bien évidemment le cas, mais pour l’heure nous sommes seuls dans notre plaisir.
C'est seulement une fois terminénotre  que je vois le regard des hommes sur moi ce qui me procure un sentiment Etrange. J'ai l'impression d'être irrésistible, tant de regard envieux c'est troublant et voir un homme prendre du plaisir en me regardant alors qu'il est bien accompagné c'est déroutant.
Je ne saurais comment décrire le jeu des regards tout au long de la soirée. C'est Émilie, une fois revenus au bar, qui a abordé le sujet. Tout le monde est dans une position de jeu, de séduction. Les regards n'ont rien de malsain, de lourd. A aucun moment je n'ai trouvé quoi que ce soit de glauque dans la soirée. Émilie s'est sentie portée par ses regards masculins qui l'ont mise en valeur. Elle a été troublée quand, un peu plus tard dans la soirée un homme la regardait alors que sa femme le suçait longuement. Pour ma part, j'ai pris beaucoup de plaisir à croiser le regard de ces femmes avec qui, si nous avions voulu, il aurait pu se passer autre chose.
Mais nous sommes restés sages, enlacés comme deux débutants. Nous n'avons pas été plus loin dans l'échangisme, je n'en avais pas envie. Je voulais qu'Emilie soit à moi pour la soirée, répondant aussi à son désir plusieurs fois répété dans mon oreille "je te veux toi Julien".
Raconter le reste de la soirée n'a pas vraiment d'importance, nous avons à nouveau joué, croisé des couples, échangé des caresses. Moments furtifs, fabuleux. Musique omniprésente, certains titres n'auront plus la même signification pour moi ("I kissed a girl and I liked it", " hit me baby one more time", "This girl is on fire", "in New-York, there's nothing you cant do" bon d'accord Toulouse  c'est pas New-York mais comme on aime tous les deux particulièrement cette chanson...)
L'illusion est belle. Certainement parce que dans cet endroit fait tout pour créer l'illusion (éclairage, déco, musique, personnel). Je qualifierais cette soirée d'inoubliable, mais pas seulement pour l'endroit.. .surtout pour cet homme que je meurs d'envie de revoir au plus vite.
Quand j'ai raccompagné Émilie chez elle, je ne réalisais pas encore tout ce qui s'était passé. Depuis, nous avons repris nos vies, mais nous avons des "flash" qui reviennent, images sensuelles, brutes, fortes. Que retenir de cette soirée ? Nous ne saurions que trop vous recommander le Pouilly-Fuissé.